Elle est toutefois endémique en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, dans certains pays d’Europe de l’est et du sud. Souvent peu symptomatique, cette virose peut toutefois être responsable de formes sévères voire mortelles1 . Découvrez comment la prévenir, la soigner, ainsi que les symptômes à connaître.

Elle fait beaucoup parler d’elle en France, depuis peu. Fin 2023, le virus responsable de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo ou FHCC est repéré pour la première fois au sein de tiques présentes dans le sud-est (Pyrénées-Orientales et Corse 2 : des tiques de l’espèce Hyalomma marginatum (surnommées parfois « tiques géantes » en raison de leur taille relativement grande, ou « tiques à pattes rayées » 3. Aucun cas de contamination autochtone n’a été rapporté dans le pays, mais le virus est bien transmissible à l’être humain 1. La prévention face à cette maladie et face aux morsures de tique est donc essentielle.

Symptômes et diagnostic de cette fièvre hémorragique

Une fois que le patient a été en contact avec le virus, la période d’incubation varie de 3 à 7 jours. La FHCC provoque le plus souvent des symptômes légers, similaires à un syndrome grippal. Parmi les signes cliniques, on observe1:

  • de la fièvre ;
  • des douleurs musculaires ;
  • une raideur articulaire ;
  • des vertiges ;
  • des nausées et vomissements ;
  • des maux de gorge ;
  • des douleurs abdominales.

Parfois, des sautes d’humeur, des symptômes de dépression ou de lassitude apparaissent également.

Des formes graves peuvent survenir (voir chapitre « Complications). La plupart du temps, le patient guérit, en 9 à 10 jours seulement après l’apparition des symptômes1.

La maladie est difficile à dépister, en raison de ses symptômes peu spécifiques. Plusieurs tests sont réalisables en laboratoire pour diagnostiquer une fièvre hémorragique de Crimée-Congo 1 :

  • la détection du génome du virus grâce à un test PCR (RT-PCR) ;
  • la détection d’un antigène du virus ou d’un anti-corps dirigé contre le virus (tests immunologiques généralement réalisés sur du sérum ou du plasma 4 ;
  • l’isolement du virus sur des cultures de cellules prélevées sur le patient.

Causes et transmission de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo

La maladie s’attrape lors d’un contact avec le virus responsable, un virus ARN à simple brin, de la famille des Nairoviridae1. De nombreux animaux, à la fois sauvages et domestiques, constituent un réservoir actif du virus, bien qu’ils ne développent généralement pas de forme symptomatique de la maladie1. Parmi ces hôtes potentiels, on retrouve des animaux d’élevage tels que des bovins et des ovins5.

La contamination à l’Homme est possible suite à la morsure d’une tique, préalablement infectée par le virus après s’être nourrie du sang d’un animal lui-même infecté. Plusieurs espèces de tiques peuvent potentiellement être des vecteurs de transmission, bien que le vecteur principal reste la tique du genre Hyalomma5.

D’autres modes de contamination humaine sont possibles5, comme :

  • Le contact direct avec le sang d’un animal infecté. L’Organisation Mondiale de la Santé précise que ces cas « se sont produits en majorité chez des personnes travaillant dans le secteur de l’élevage, comme les exploitants agricoles, les employés des abattoirs ou les vétérinaires ».
  • Des transmissions interhumaines, avec contact direct par du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques infectés.
  • Des infections nosocomiales, contractées suite à des soins médicaux avec du matériel non stérile.

Traitements et prévention de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo

Il n’existe pas de traitement spécifique pour soigner une fièvre hémorragique de Crimée-Congo. Un traitement médicamenteux anti-viral peut être proposé, à base de ribavirine. Mais « son efficacité est encore discutée », peut-on lire sur le site de l’Institut Pasteur. Les traitements visent essentiellement à améliorer les différents symptômes, comme la fièvre ou encore les douleurs1.

Aucun vaccin préventif n’existe, à l’heure actuelle, pour se prémunir contre la FHCC1. La prévention repose sur le fait d’éviter les morsures de tique en tous genres. Ces mesures permettent d’éviter d’attraper non seulement une fièvre hémorragique, mais également d’autres maladies transmises par des tiques, comme la maladie de Lyme.

Voici les recommandations pour se protéger des infections transmissibles par les tiques2:

  • Portez des vêtements couvrant les jambes et les bras (pantalon, chemise à manches longues), de couleur claire afin de mieux distinguer des tiques qui grimperaient dessus.
  • De la même manière, portez des chaussures fermées.
  • Lors des randonnées, évitez de marcher au milieu des hautes herbes, des buissons, des branches basses 6.
  • Au retour d’une balade, inspectez méticuleusement la peau de tous les membres de la famille.
  • Si une tique est accrochée, retirez-la à l’aide d’un tire-tique de taille adaptée et désinfectez la zone après le retrait.
  • Utilisez des répulsifs lors de vos sorties, comme le spray Insect Ecran Anti-Tiques.

Pour le cas spécifique de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, la vigilance s’impose pendant les périodes de l’année où la tique Hyalomma marginatum est la plus active (au printemps et en été), dans ses zones géographiques de prédilection (dans les zones sèches telles que le maquis ou la garrigue, les pâtures, les chemins de randonnée, les cultures, les vergers, les vignes, etc.)

En cas de morsure, il est préconisé de prendre en photo la tique une fois retirée et de surveiller l’apparition de tout symptôme anormal. Consultez un médecin immédiatement le cas échéant2.

Risques et complications de la fièvre hémorragique

La FHCC reste le plus souvent bénigne chez l’humain. Toutefois, il peut arriver qu’elle évolue vers une forme grave, entraînant des hémorragies (d’où son nom), des atteintes rénales et hépatiques. Chez les patients qui développent une forme sévère, le taux de mortalité peut atteindre 5 à 30 %. 1

Le virus a été détecté pour la première fois sur des tiques présentes sur le sol français en octobre 2023. Même si aucun cas de maladie humaine n’a été détecté, les autorités surveillent la propagation de ces tiques vectrices6. Elles sont présentes en Corse, ainsi que sur tout le pourtour méditerranéen (Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault, Gard, Ardèche, Drôme, Bouches-du-Rhône, Var, Alpes-Maritimes2. En raison du dérèglement climatique et de l’extension du climat méditerranéen, leur territoire pourrait s’élargir à l’avenir6.

La maladie est également endémique en Afrique, dans les Balkans, au Moyen-Orient en Asie, dans les pays situés en dessous du 50e parallèle nord (parallèle qui passe au nord de la France, au-dessus d’Amiens7. Si vous voyagez dans l’un des pays concernés, la prudence est de mise pour se protéger contre les morsures de tiques.

De nombreuses autres maladies sont également transmissibles par des tiques ou des moustiques dans ces pays, notamment dans les régions africaines. Pour limiter les risques, consultez notre article dédié : Se protéger en Afrique subsaharienne.

Épidémiologie et statistiques mondiales

La fièvre hémorragique de Crimée-Congo, internationalement nommée « Crimean-Congo haemorrhagic fever », est la forme de fièvre hémorragique la plus répandue dans le monde. Environ 3 milliards de personnes vivent dans des régions où la maladie est présente et sont à risque de l’attraper, dans plus de 30 pays d’Afrique, d’Asie et d’Europe 8.

Concernant le nombre de cas diagnostiqués par an dans le monde, il est estimé à 10.000 à 15.000 nouvelles infections. Environ 500 personnes décèdent chaque année de ce virus8.

Les maladies contractées au plus proche des frontières de France métropolitaine ont été constatées en Espagne, avec une dizaine de cas diagnostiqués depuis 2013, dont quelques-uns mortels 6.

auteur: Violaine Badie
Violaine Badie
Journaliste santé
Journaliste freelance pour plusieurs magazines de presse féminine et de presse professionnelle. Elle a fait sa carrière au sein de plusieurs magazines dont Doctissimo, Femme actuelle, Top Santé ou le moniteur des pharmacies. Elle a fait 3 années de médecine avant de se consacrer au journalisme.